ÉTANT DONNÉ QUE :

L’art n’est pas la culture
L’on sabre des millions dans nos structures déjà carencées
Ce gras dans lequel nous devrions couper a fondu depuis longtemps
Les critères s’allongent et les fonds régressent
L’on nous consulte à coups de sondages bidons
Artistes, travailleuses et travailleurs culturel.les, techniciennes et techniciens, nous faisons l’art ensemble
Nous avons plusieurs visages
Il nous faut plusieurs voix
Nous sommes plus qu’un levier pour l’économie des autres
Les politiques culturelles devraient appuyer la création et non la diriger
L’industrie s’enrichit grâce à notre « créativité » mais se désengage de notre précarité
Les « retombées économiques » de l’art ne percolent pas jusqu’à nos poches
Les revenus stagnent
La passion n’est pas un salaire
La visibilité n’est pas un salaire
L’on nous offre un énième emploi en subvention salariale, un autre stage non rémunéré
La précarité génère de l’exploitation
Des carrières se fanent
Des projets s’abîment
La recherche de financement nous éloigne de la réalisation de nos projets
Notre autonomie est sournoisement minée
Nous sommes devenus, à notre insu, des « prestateurs de services » et des « acteurs de la chaîne de valeurs »
Ces mots ne sont pas les nôtres
L’on parle à notre place
Il faut lever les masques
Des millionnaires nous administrent de loin
Il faudrait peut-être administrer les minières
Nous pourrions éviter des désastres
Les mécènes deviennent, ici et là, les nouveaux gardiens du jugement de goût
Nous avons donné le temps que nous avions et le temps que nous n’avions pas
Nous ne sommes pas une « bonne cause » pour les œuvres de bienfaisance
Les prix pour LE ou LA meilleure artiste servent plus souvent le business que la communauté
Nos carrières sont plus que jamais paramétrées par la dictature de la visibilité
L’on nous demande d’être compétitifs là où nous cherchons une écologie
Nous gagnons à nous solidariser les uns aux autres
Nous ne vivons aux « crochets » de personne
Nous ne sommes pas larmoyants
Nous construisons notre propre horizon
Il faut apprendre à mordre
Les enjeux économiques ne sont pas hors de notre compréhension.
Notre précarité ne justifie pas de s’abreuver à toutes les sources
Des oeuvres sont détruites
Un examen de conscience s’impose
S’il faut se battre, ce ne sera pas les uns contre les autres
Nous pouvons faire pression
Nous avons tous les talents
Notre commun est à regagner
Il faut en faire notre affaire et notre histoire
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Vous avez vos propres étant donnés
faites-les résonner
Étant donné tout ce qui précède, nous en appelons à une journée d’arrêt, de réflexion et d’action.