Le 21 octobre 2015, plus de trois cents travailleuses et travailleurs du milieu de l’art convergent au Théâtre Aux Écuries, à Montréal, pour participer à une première Journée sans culture (JSC). Des groupes et des organismes à Montréal ainsi qu’ailleurs au Québec manifestent également leur appui à travers des gestes diverses. Journée de rassemblement et de grève symbolique, celle-ci marque un temps d’arrêt dans la course effrénée qui nous fait souvent dévier de la question primordiale : que voulons-nous?
La Journée sans culture est un pied de nez à peine voilé aux Journées de la culture – événement qui célèbre la « richesse » culturelle sans parfois apporter un soutien financier convenable aux artistes et organismes qui en sont les principaux protagonistes. La JSC se veut une réponse incisive à de telles initiatives. Des décisions qui s’accommodent de nous laisser dans un état de précarité devenu banal et, malheureusement, systémique. La situation est alarmante : nous voici captifs d’un paradoxe politique qui fait de la culture un formidable levier économique tout en faisant l’économie des investissements nécessaires à son sain développement, comme en témoignent d’ailleurs les récentes coupes provinciales de 2,5 millions de dollars en culture.
Une cinquantaine d’artistes, travailleuses et travailleurs du milieu culturel ont porté cette initiative en autogestion, bénévolement et hors des cadres institutionnels. Se sont joints à nous en octobre 2015, au Théâtre Aux Écuries à Montréal mais aussi ailleurs au Québec, des collègues de toutes disciplines – théâtre, cinéma, danse, arts visuels, arts médiatiques, bande-dessinée, littérature, marionnette, histoire de l’art, etc. – pour discuter d’enjeux essentiels, voire urgents. Ensemble, nous avons croisé nos expériences, partagé nos idées et échangé quelques volants de badminton.
Huit tables thématiques ont été mises sur pied au Théâtre Aux Écuries, alimentées par des animatrices et animateurs issus du milieu de l’art. Une trousse d’accompagnement offrait des réflexions de bases aux personnes participantes sur chacun des sujets, traités de façon ouverte de 9h à 17h :
- Entre don, résilience et épuisement : jusqu’où et comment travailler ?
- Communauté, investissement et capture
- Entre monologue et dialogue: comment résonner dans le champ social?
- Penser de nouveaux modèles d’organisation
- Langue gelée, amorce d’un lexique
- L’artiste-entrepreneur : le seul horizon qu’il nous reste ?
- Marché, mécénat ou état : qui soutient qui ?
- Nous et Nousses
Consultez la trousse JSC et le programme de la journée pour plus d’informations.