Un Manifeste pour Danser / Défaire | La calq
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Défaire doit être fait : en effet, défaire est en train de se faire. Ici et maintenant, faire a été mobilisé au service de la production de sujets tout chorégraphiant leur production globale. Faire a été fait, surfait par les jeux de pouvoir néo-libéraux et défaire devient alors la seule chose à faire, la seule modalité d’expérimentation. Défaire est une danse, une scène sur laquelle des corps en mouvement tiennent et retiennent le sens, relation, et histoire, forçant un constant atterrissage dans la situation continue du présent. Et pourtant, la danse aussi doit se défaire : ses formes, contenus, et mouvements ne peuvent plus être maintenus immobiles ou figurés entiers. La danse peut, uniquement, et se doit d’excéder, exposer, et délier les opérations du faire. Nous appelons au labeur radicale de la défaite comme un faire paradoxal et continu, comme quelque chose à la fois à faire et à défaire. Nous appelons à une danse du défaire comme défaite de la danse.
Impératifs pour une révolution défaite :
Danse la défaite de l’identité.
Danse la défaite de la formation.
Danse la défaite de l’archivage.
Danse la défaite du langage.
Danse la défaite du sens.
Danse le marché. Défais ton compte bancaire.
Danse la défaite du patrimoine culturel.
Danse la défaite d’une oeuvre.
Défais les danses de la collaboration. Danse le corps comme multitude.
Défais la danse de l’image. Danse ses spectacles invisibles.
Danse l’utopie défaite de la démocratie.
Danse la défaite de l’administration de l’art. Danse la défaite de l’administration de la vie.
Danse le labeur, et défais le résultat.
Danse la putain de défaite du corps.
Danse la défaite du personnel. Danse les nouvelles collectivités.
Danse la défaite du désir. Désire la danse de la défaite.
Danse la défaite de la nostalgie. Danse de nouvelles histoires.
Défais la danse des mots.
Défais la danse de la connaissance. Danse non-connaître.
Défais la danse de la souveraineté.
Défais la danse de la politique.
Défais la danse de l’histoire. Danse des futurs défaits.
Défais le manifeste, dansant.
Danse la défaite, encore une fois.
La calq, Montréal, 2015
