Les créateurs restent les plus pauvres du secteur culturel | Le Devoir

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23 juin 2015 |Caroline Montpetit | Actualités culturelles

Bien que l’industrie culturelle entraîne des retombées économiques directes et indirectes de 11 milliards de dollars à Montréal, les employés qui travaillent dans ce secteur ont des salaires légèrement inférieurs à ceux des autres industries montréalaises. En fait, les revenus des créateurs eux-mêmes ont reculé de 4 % depuis 2009.

C’est ce qu’indique un récent rapport de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), cité hier par son président, Michel Leblanc, au moment de la remise des 9es prix Arts-Affaires de Montréal. « Les travailleurs qui évoluent dans ce que nous avions surnommé en 2009 “le coeur créatif” de Montréal, soit les artistes, auteurs et interprètes indépendants, disposent toujours de revenus annuels bien en dessous de la moyenne du secteur », écrit Leblanc en introduction du rapport. Pourtant, environ 80 % des travailleurs du secteur culturel ont reçu une éducation postsecondaire, contre 60 % pour l’ensemble des travailleurs. Près du quart des employés culturels sont des travailleurs autonomes, soit plus du double que pour l’ensemble des industries de la région métropolitaine. Cette proportion atteint près de 80 % chez les artistes, auteurs et interprètes.

Par ailleurs, l’entreprise privée génère 50 % des revenus des entreprises culturelles à Montréal.

Or, selon Bastien Gilbert, du Mouvement pour les arts et les lettres, c’est du système public que doivent provenir de nouveaux fonds pour soutenir les artistes québécois.

Il cite une recommandation de l’UNESCO selon laquelle les États de moins de 10 millions d’habitants « doivent absolument soutenir la culture ».

« Les artistes et les organismes sont sous-financés, ce sont ceux qui reçoivent le moins des sommes qui sont générées par la culture », dit-il, relevant que le revenu moyen d’un artiste est de 23 000 $, soit la moitié du revenu moyen de l’ensemble de la population.

Dans son étude, la CCMM concluait en effet qu’il fallait examiner « toutes les avenues qui permettraient de mieux appuyer les plus petits organismes, en particulier aux étapes initiales des projets porteurs et innovants ».

L’étude suggère le sociofinancement comme façon de soutenir ces projets.

Le Mouvement des arts et des lettres (MAL) a pour sa part été créé en 1999 pour réclamer une augmentation des budgets du Conseil des arts du Québec (CALQ) à 100 millions de dollars. Présentement, le budget de fonctionnement du CALQ, en dehors des projets spéciaux, est de 87 millions de dollars par année, dit M. Gilbert. Le MAL cite par ailleurs un rapport de l’ancien ministre Raymond Bachand, qui recommandait que le budget culturel de Montréal soit élevé à 20 millions, plutôt que les 13,4 millions disponibles actuellement, auxquels le maire Denis Coderre vient d’ajouter de 500 000 $ par année sur deux ans. Le budget du Conseil des arts du Canada stagne à 180 millions par année, déplore M. Gilbert.

 

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